Cassius, Muhammad, Clay, Ali, plus que de la boxe… (1)

Un peu de la légende de Muhammad Ali (1942-2016) dans mon livre « L’Argent dans le sport (Flammarion, 2004) :

 

« Si Muhammad Ali n’avait fait que boxer, il est probable que la face du sport aurait été tout autre. Mais Ali à partir du début des années 60 a aussi changé de religion, refusé d’intégrer l’armée américaine, frayé avec les leaders des mouvements radicaux noirs, insulté sans relâche ses adversaires, bravé la maladie…

Jamais un personnage dans l’univers sportif n’avait tant outrepassé les limites de sa sphère. Une alchimie nouvelle est créée. La politique, les tensions raciales, les penseurs, les leaders d’opinion, les anciens combattants s’entremêlent dans le tourbillon permanent qui se crée autour du phénomène. C’est le phénomène Ali. Et il va payer. Ce sera le premier big bang médiatico-financier du sport. Après lui, plus rien ne sera comme avant.

A Louisville (Kentucky), sa ville natale ni plus ni moins pauvre, ni plus ni moins raciste qu’ailleurs aux Etats-Unis, le jeune homme avait vite appris la boxe et la vie  au contact de son premier entraîneur, blanc, Joe Martin. Martin, agent de police de profession et éducateur sportif à ses heures perdues, avait recueilli dans sa salle par pur hasard le gamin éploré après le vol de sa bicyclette une ruelle plus loin ! Les leçons accélérées de boxe avaient amené le bambin pétri de qualités naturelles à se faire remarquer sur les rings.

Ali jeune

Martin, sûr de sa trouvaille, avait poussé son poulain devant les caméras de télévision de « Tomorrow’s champions » (quatre dollars à l’intéressé par passage) qui retransmettaient chaque semaine les combats des jeunes pousses dignes d’intérêt. Les reporters télé et de la presse spécialisée choyaient ce fier-à-bras de treize ans, habitué des logorrhées verbales d’avant match pastichées au catcheur Georgeous George. Cassius gagnait ses combats et jouait les devins pour les suivants… »

Ali et Joe Martin 1960