C’était le parfait « invendable », Javier Pastore, le cheval de retour qui allait finir dans les courses « à réclamer ». Pire, dans le langage de la bourse, une junk bond, vous savez ces actions pourries que les courtiers se refilent comme des patates chaudes jusqu’au jour où elles ne valent plus rien qu’un morceau de papier…
Ce chiffon en short ne valait plus que le prix de son éternelle brillantine. C’est à dire à peu près quarante deux million de moins que le prix de son transfert en 2011 de Palerme au Qatar SG, autrement dit zéro euro et quelques centimes…
Jusqu’à ce mardi pas noir du tout sur le flanc droit de la pelouse du Parc des Princes. Javier Pastore, en quatre secondes environ, le temps de trois ou quatre dribbles sublimes en Paso Doble face à quatre ou cinq joueurs ébahis et impuissants de Chelsea, a tout d’un coup revalu l’extravagance de son prix d’achat.
Celui d’un footballeur capable de hisser peut-être à lui seul un club en demi-finale de Ligue des Champions. Celui que paient la petite demi-douzaine de clubs capables de s’offrir la quelque demi-douzaine d’artistes capables de leur offrir leur paradis du ballon rond, la victoire en Ligue des Champions.
Le grand Pastore, le beau Pastore
A Paris contre les « Mourinho boys », on attendait évidemment Zlatan ou Cavani, voire l’un des nouveaux produits d’appel de l’ère businesso-marketing qatarienne, comme Matuidi, pour incarner ce rôle de faiseur de pierre philosophale. Mais Pastore, le grand Pastore, le beau Pastore, s’est levé de son banc en fin de match, tranquille comme à l’habitude, pour remplacer au pied levé Lavezzi.
L’Argentin ne devait en réalité que boucher un trou pendant les ultimes secondes du match, un gouffre béant formé par la blessure de l’infortuné Ibrahimovic, dont un muscle de sa cuisse droite avait lâché un peu auparavant.
Le dégingandé Javier, pas stressé l’ombre d’une seule fois depuis trois ans ni par ses détracteurs ni par ses performances de génie égaré, et seulement inquiet en ce 2 mars à 22h40 de la tenue parfaite de sa nouvelle coiffure « naturelle » dépouillée de tout fard capillaire à la Cristiano Ronaldo.
Sans laque, ce fut le feu au lac british. Le troisième but parisien, un feu de magie. Javier, oui, de l’or en barre. Et maintenant, il le vaut bien.