Il faut être honnête, la double liste des 23 de Laurent Blanc pour l’Euro 2012, dévoilée en deux fois les 9 et 15 mai, ne me passionne pas. On ne peut certes jurer de rien et mon enthousiasme pourrait d’ici un mois se lever par je ne sais quel retournement d’ambiance ou de miracle, mais j’en doute. Parce que franchement, cher Laurent, vous ne m’aidez pas à croire, ni en vous ni à votre équipe, quelle qu’elle soit…
Reconnaissons que ces dernières années, voire décennies, on a rarement vu chez nous de sélectionneur… entraînant. Les Santini, Lemerre ou même Domenech ne nous ont jamais emballé par leur dynamique, de comportement ou, et c’est quand même le plus important, de jeu. Je ne crois pas avoir entendu durant leur mandat l’un d’entre eux délivrer une seule fois de message – oh pas d’exaltation, c’aurait été trop demander – mais du moins d’entrain véritable. Le dernier à l’avoir fait, Aimé Jacquet, en usait d’ailleurs avec tant de gaucherie, que l’effet en était soit mal interprété soit comique…
Mais, Laurent Blanc, vous possédez désormais une expérience telle et à tous points de vue, que l’on s’étonne de votre prudence, j’oserais dire de votre timidité, de parole et d’esprit d’entreprise. Vous nous l’avez dit, et nous l’avons assez constaté, votre groupe n’est pas celui dont vous voudriez disposer. Je veux dire que le talent y existe mais ne s’exprime pas assez, et que ses personnalités qui y résident ne parviennent pas plus à y émerger pour former un collectif performant. Est-ce votre faute ou la conséquence d’un certain héritage de Knysna, je ne pourrais le dire. Vous êtes en tout cas aux responsabilités depuis plus d’un an et demi et l’on attend que vous nous prouviez ce que vous aviez prouvé par exemple aux Girondins de Bordeaux…
On rêve du Laurent Blanc de 1998 contre le Paraguay…
Alors, que vous choisissiez Ben Arfa à la place d’Amalfitano ou Malouda à la place de Valbuena m’importe finalement assez peu. Je vous fais confiance. Je vous fais confiance, vous voyez, comme en 1998 où vous aviez pris votre décision, la bonne, un jour de juin à Lens. Celle de quitter contre toute logique votre base arrière pour aller conquérir d’une reprise de volée salvatrice contre le Paraguay une qualification qui échappait de plus en plus à vos coéquipiers, nos futurs héros… Cet après-midi là, Laurent Blanc, comme en nombre d’autres occasions, vous aviez entraîné beaucoup de monde derrière vous, vos petits camarades mais aussi un sacré petit paquet de congénères, au nombre non négligeable d’environ vingt millions devant leur poste…
Je ne sais pas, moi, parlez-leur à ces garçons, hurlez-leur dessus si besoin, demandez-leur de muscler leur jeu ou de se mettre minable à l’entraînement, de se mettre des claques, que sais-je encore. Mais bougez-vous, ne parlez pas de votre avenir ailleurs, et bougez-les. Que leur maillot se trempe de sueur au point qu’ils en chialent. On rêverait presque que vous soyez sur le terrain… Bonne chance, Président…