Il paraît qu’on découvre chaque jour des choses plus intéressantes sur le fonctionnement du cerveau. Il existerait d’après une chercheuse canadienne, Patricia Churchland, une enzyme d’empathie nichée dans les câbles de notre caboche. La substance en question, l’ocytocine, serait donc celle qui engendre les bons rapports entre humains et qui, en outre, nous amènerait presque chimiquement à préférer le bien au mal, voire le beau au moche.
En résumé, Rousseau et Kant se seraient cassé le citron pour rien. Il n’aurait pas d’Etat de Nature ou de cerveau torturé. Tout est dans l’ocytocine ! Et, en résumé encore plus raccourci, si je m’esbaudis sur les prestations de Tony Parker depuis le début de cet Euro de basket, c’est simplement parce que mon cerveau fabrique ce précieux liquide en appréciable quantité.
Vive l’ocytocine ! Chère Patricia, ayez l’amabilité de m’en fournir quelques fioles. Car ce vendredi soir, j’ai vu « TP » et je m’en suis félicité à chaque instant de tous les quart-temps de ce France-Allemagne, mais je me suis alangui, assoupi, endormi d’ennui devant le Albanie-France des éliminatoires de l’Euro de football. C’est embêtant cette alternance de superbe et de minable. Après l’éblouissement de Siaulai (c’est en Lettonie) j’ai essayé et même lutté contre moi-même pour aller au bout de cette innommable purge de Tirana. Mais je n’ai pas pu. J’ai filé à New-York pour tenter de faire passer ma nausée.
Et je suis tombé sur Gilles Simon qui bataillait contre un Espagnol, Garcia-Lopez, un bûcheron espagnol du tennis, sorte de formidable médicament désexcitant, d’anéantisseur absolu de la joie humaine. Le degré zéro de l’ocytocine, quoi. Ce jeune homme est officiellement le tennisman le moins glamour de l’histoire du jeu, le pire crocodile jamais vu sur un court, faisant passer le légendaire Harold Solomon pour un génie de l’attaque…
En fin de soirée, Simon a la bonne inspiration de conclure à son avantage cette rencontre à fort danger psychotique. Eurosport passe donc à Nadal-Mahut. Ah, Mahut, notre Don Quichotte, notre Cyrano de la balle jaune… Coefficient de sympathie illimité dans mon système neuronal. Il perd souvent, le petit Nicolas, mais je n’y peux rien, je ne résiste pas à son panache. Il accélère à tous les coups mon enzyme magique. Non, décidément, cette ocytocine, il m’en faut d’urgence.