C’était beau. Beau comme les feux de l’Amour. Beau comme le soleil après la pluie. Laure Manaudou a annoncé ce dimanche au JT de 20h de France 2, après l’avoir fait dans deux ou trois autres médias soigneusement sélectionnés, son retour à la compétition. C’est en tout cas ce mot que le microcosme, comme disait Raymond Barre, a repris et titré dans un chœur superbe.
Mais l’ondine des ondes électroniques ne m’a pas dit ça à moi, au creux de l’oreille. J’ai eu beau décortiquer les interviews de la belle tatouée, ce que j’ai entendu, ou du moins compris, c’est que Laure a d’abord manifesté son « besoin de s’exprimer » quand on lui posait la question sur ce fameux retour. Bien. Il est toujours bon, comme tous les psys le martèlent, de parler, y compris à soi-même. Car la malheureuse a confié qu’elle avait traversé une épouvantable période de « dépression » après les Jeux de Pékin.
La championne olympique de l’absence calculée a ensuite avoué, et c’est tout de même me semble-t-il un peu différent que les unes des journaux, qu’elle avait « envie » de reprendre la compétition… Envie. Un autre dépressif rentré, le grand Johnny Hallyday, l’a chanté : On lui avait ôté l’envie d’avoir envie… Et il commandait, hurlait, qu’on la lui redonne, cette envie. Voilà, il faut toujours bien poser les questions avant d’y répondre. Et d’ailleurs, on avait parfaitement indiqué à Laure dans son discours aux medias de faire le distinguo entre cette envie d’avoir envie, cette envie de retour, et ce retour tout court…
Donc, pour résumer cette analyse sémantique, j’ai, moi, la ferme conviction, que Laure Manaudou ne nous a dit que ce que ses avocats, conseillers, sponsors et autres amis parfaitement désintéressés ont voulu dire qu’elle ne dise pas. Ou, plutôt, ce qu’elle dise en sachant que l’on reprendrait partout le contraire ou presque… CQFD. Manaudou a remis son maillot de bain. Point final, ou de suspension si vous voulez… Et tout le monde, enfin vous me comprenez, en conclut qu’elle va remporter trois médailles aux Jeux de Londres dans un peu plus d’un an ! C’est beau, disais-je, beau comme une thèse de cinquième année en masters de communication…
Manaudou, un retour orchestré pour faire remonter les cours de Laure…
Une communication magnifiquement orchestrée. Car, dans un bel élan de solidarité, tous les dirigeants et techniciens de la natation ont applaudi la volonté de « revenir » de la nouvelle et plus jolie que jamais maman de la petite Manon. Aucun d’entre eux n’a par contre eu l’audace d’affirmer que Laure allait réussir dans son entreprise ou même l’entamer sérieusement. Pas fous. Ils savent trop bien que deux ans et demi de carence complète de toute pratique sportive rend le défi totalement impossible et que les entraînements cachés aux Etats-Unis mais si savamment évoqués ne sont que de la poudre aux yeux (Fred Bousquet, le compagnon, l’avait involontairement dévoilé il y a quelques mois, « Laure fait surtout des progrès en anglais » !). Ces collègues syndicaux se sont donc limités, dans de très habiles exercices de style, à énoncer que l’affaire allait faire un grand bien à la natation. Ce en quoi ils ont raison. La seule présence de la star à un Championnat de France ou, on peut rêver, à un Championnat d’Europe, attirerait, comme avant, les foules, les recettes, les sponsors… Les bénéfices se partagent…
Laure va donc revenir, certes. Mais revenir surtout aux affaires. Le plan est déjà tout tracé après un si puissant coup de promotion. Manaudou, je vous le parie, va rapidement retapisser les affiches du métro, inonder les bacs des hyper avec sa poupée Barbie et regagner le cœur de ses parrains… Les piscines vont se languir.