Mais que reste-t-il d’une époque, d’une saison, d’un match ? Souvent bien autre chose que ce que l’on en retire à leur conclusion. Et de nos jours, où l’image est presque seule à imprégner les esprits, on se focalise sur des instants. Plus marquants, plus forts, plus lumineux que les autres.
De ce France-Ecosse 2011, débridé et agréable à voir dans son ensemble, on ne retiendra qu’un geste parmi des centaines d’autres pourtant dignes d’admiration. Celui de François Trinh-Duc offrant de manière unique à la 55e minute du match un ballon d’essai à Imanol Harinordoquy.
L’ouvreur montpelliérain se trouve alors au centre du terrain en position incommode, de celles dont d’autres se dépêtrent avec plus ou moins de lourdeur. Mais un objet, encore moins un ballon, dans n’importe quel endroit où il se trouve à sa proximité, gêne rarement les troubadours du sport. Trinh-Duc en est un, un vrai. Une sorte de saltimbanque des terrains, toujours prêt à proposer du spectacle ou à surprendre son auditoire.L’ovale est donc à cet instant en l’air et en train de retomber sans certitude au-devant notre Trinh-Duc qui est en plein déséquilibre et à la fois soucieux de se tirer d’une situation compliquée pour la transformer en avantage. C’est en quelque sorte sa marque de fabrique. Changer sur une pelouse le plomb en or, l’alchimiste du rugby. Il trouve en un dixième de seconde le moyen de faire passer le ballon par-dessous ses jambes, la tête entre celles-ci, et de le propulser directement derrière lui vers Harinordoquy dont la course finit entre les poteaux!A l’instar des magiciens, Trinh-Duc est en outre un malicieux. Un ralenti le montre en gros plan quelques secondes après ce troisième essai français, solitaire et surtout envahi d’un sourire qui lui illumine le visage. Trinh-Duc sait qu’il a réalisé un truc pas commun et que son espièglerie à la « Asterix » a plu au public. Sa « chistera » à deux mains entre les guiboles n’est pas au programme des écoles de rugby. Et encore moins en vogue dans les manuels d’entraîneurs modernes, sans pitié à l’égard des inventeurs qui sabotent leurs schémas de rigueur.Mais tant pis pour les coaches rigides, les tenants du jeu cafardeux, les adeptes de l’austérité à tout crin. Merde aux Romains et vive Trinh-Duc le Gaulois…
3 commentaires sur « France-Ecosse : Trinh-Duc comme Asterix »