Il y a eu le Real Madrid des années 60, l’Ajax des années 70, le Milan AC des années 90. Il y a désormais le Barça des années 2000. Le FC Barcelone est même peut-être la meilleure de toutes ces équipes de légende. La formation de Sepp Guardiola a fait passer lundi soir le Real, alors leader de la Liga, pour un club amateur, en lui passant cinq buts et en ne lui laissant que de misérables miettes de jeu.
Le plus étonnant n’est pas tant ce score que la manière étalée au Nou Camp par les Blaugrana. Les virtuoses catalans ont produit un récital d’une qualité inouïe et probablement inédite dans l’histoire du football. A l’image d’ailleurs de leurs prestations en Liga et sur la scène européenne depuis trois saisons. Les cinq buts sont tous nés d’actions collectives d’une longueur exceptionnelle dépassant parfois la minute et vingt passes consécutives. C’est la grande nouveauté du temps et véritablement la plus belle audace de Guardiola.
Comme l’équipe d’Espagne championne du monde et dont il inspire la méthode, le Barça ne fait pas la différence sur des contres ou des coups de pied arrêtés. Il la fait la plupart du temps sur son ahurissante capacité à faire tourner le ballon dans un périmètre incroyablement resserré puis à le faire ressortir par magie, par la grâce de ses lutins du milieu de terrain, Xavi, Iniesta et Busquets, très vraisemblablement le trio le plus technique et le plus ensorcelant de toute l’histoire du football.
Mais Barcelone a encore mieux. Son trio d’attaquants, mené par le divin Lionel Messi, qui, quand il ne marque pas comme face au Real, donne, offre des ballons d’or (il sera difficile de ne pas lui décerner encore cette année celui de France Foot, et si ce n’est pas lui ce sera forcement l’un de ses « frères ») à ses comparses quasiment aussi insaisissables que lui, David Villa et Pedro. Trois fois contre les Merengue, l’Argentin a délivré une passe décisive, deux fois au premier, une au second.Alors quand cette machine de rêve tourne à plein régime, l’opposition, même quand elle compte dans ses rangs Cristiano Ronaldo, Casillas, Benzema, Özil ou Sergio Ramos, avec à sa tête le renard José Mourinho, ne peut que constater les dégâts… Car Barcelone, plus que le Real, constitue sans doute l’addition la plus parfaite synthèse d’individualités au service du collectif.