Ses dix-huit matches de suspension d’équipe de France l’ont laissé « mort de rire ». Pas mort de honte. Il parle de « clowns » au sujet de ses censeurs, il ne dit rien sur ses errements. Dans France-Soir, aujourd’hui comme hier et depuis des années, Nicolas Anelka me fait penser à ces accusés qui dénient toute légitimité à leurs juges. Et qui leur hurle : « Mais qui êtes-vous, manants, pour me juger ? Vous ne savez même pas qui je suis. »
Anelka ne sait sans doute pas lui-même qui il est ni ce qu’on lui reproche
Nicolas Anelka ne sait sans doute pas vraiment qui il est, ni ce qu’il a fait. Et donc encore moins pourquoi on le punit. Alors, comme grand nombre d’incompris qui ne comprennent rien, il ne lui reste que l’instinct de révolte contre le genre humain, réduit dans l’instant à ses accusateurs, et la posture vieille comme l’humanité de la paranoïa.Et comme à chaque fois qu’il se retrouve attaqué pour ses égarements, il retourne les flèches à l’envoyeur, puis parfois dans n’importe quelle direction. Tous ses entraîneurs ou presque ont eu maille à partir avec lui, Del Bosque, Ricardo, Fernandez, Houllier, Santini («Il faudra qu’il s’agenouille…»), Lemerre, Domenech… sans parler de ses dirigeants au PSG, à Madrid, à Arsenal (« Anelka a bafoué toutes les règles du football anglais et a montré un manque de respect total. Il a laissé une cicatrice importante dans le football anglais», disait de lui David Dein, le vice-président des Gunners avant le transfert au Real) ou ailleurs, et enfin des supporters. Et toujours, il s’est posé en mal-aimé, en victime expiatoire.Mais derrière Anelka, il y a aussi ses deux frères (ainsi qu’un agent), beaucoup plus avisés que leur frangin dont ils ont habilement tiré tous les bénéfices pécuniaires depuis plus de dix ans, extirpant à chaque transfert le maximum de commissions. C’est peu de dire que l’actuel attaquant de Chelsea ne serait rien sans le travail du trio de cerveaux qui tentent, habilement malgré la difficulté, de brider leur cheval fou. Car, le génie de ces hommes de l’ombre est d’avoir toujours su faire renaître leur Phénix. Mais à trente et un ans, l’oiseau a peut-être désormais les ailes un peu lourdes…
« « mort de rire ». Pas mort de honte » –> tristement excellent billet…
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