Mais quelle tristesse. Pas un match emballant depuis le 11 juin, soit quinze jours à bailler devant mon écran. Et ce jour, un Brésil-Portugal entre deux des équipes sur le papier les plus séduisantes du monde, mais qui n’ont pas trouvé mieux quatre-vingt-dix minutes durant que de se livrer une misérable bataille de chiffonniers.
Le ballon devient la dernière chose à faire vivre !
Et tout ça pourquoi ? Le Brésil était déjà qualifié et le Portugal quasiment. Il n’y avait strictement aucun risque à jouer, au moins à tenter. Mais non, aucune velléité offensive ni d’un côté ni de l’autre. Blocage complet. Terrain verrouillé, cadenassé. Aucun joueur n’avait la possibilité de sortir de son territoire, sous peine d’être châtié physiquement. Sept cartons jaunes à la clé. Des duels homme à homme atteignant au grotesque, le ballon étant la dernière chose à faire vivre.Alors que ces deux formations avaient tout à gagner à tester leur potentiel d’attaque en vue des matches couperets, elles n’auront fait qu’endurcir le ciment dans leur bétonnière.Les rares nations à s’être lâchées pendant ce premier tour ne l’ont fait que par timides intermittences. Le Paraguay, l’Argentine, le Portugal, le Chili ont parfois mis une certaine gourmandise dans leurs entreprises. Elles ont rapidement repris leur régime drastique. Seule l’Allemagne, l’Espagne étant à part, a pu se targuer de jouer vers l’avant sans immédiatement retenir sa fougue.
C’est la Coupe du monde de l’inventivité négative !
Tous les entraîneurs de la planète se sont donc donné le mot. Défense, défense et encore défense. Symptôme le plus révélateur de ce football mortifère, il n’existe plus de milieux offensifs. Il y a désormais des attaquants de soutien. Dans cette zone centrale où tout se décidait il y a seulement vingt ans, on est devenu un récupérateur ou un relayeur. L’organisation du jeu, autre terme usité naguère pour désigner le travail des numéros 10, est désormais employé dans un sens parfaitement contraire. Il faut s’organiser, un comble, pour annihiler les intentions adverses !
Dans ce contexte, les buts se raréfient. Ce Mondial devrait s’il se poursuit sur ce rythme va se terminer sur la plus petite moyenne de buts par match de son histoire. Le plus calculateur l’emporte, comme l’Italie en 2006. Et justement, à l’image des malheureux Raymond Domenech ou Marcelo Lippi, coaches finalistes de la dernière édition et incapables de changer ou même de faire un tant soit peu évoluer leur style, il se trouve vite sur votre route des adversaires plus retors encore.
Cette Coupe du monde est celle de l’inventivité négative ! Mais qui donc va oser positiver ?